vue du ciel d'un parc de cultures marines

Cultures marines

Les cultures marines sont un secteur d'activité entre monde maritime et agriculture, dynamique et proposant des productions diversifiées. Des qualifications sont requises pour exploiter une concession sur le domaine public maritime et pour utiliser des moyens nautiques.

Un secteur dynamique et structuré

La production aquacole mondiale a été multipliée par quatre entre 1990 et 2017 pour répondre aux besoins alimentaires croissants de la population.

En 2017, au sein de l’Union européenne, la France était le deuxième pays producteur (15%), après l’Espagne (21%) et devant le Royaume-Uni (14%) et l’Italie (14%). La France est le premier producteur d’huîtres en Europe.

L’aquaculture est également règlementée au niveau communautaire, avec l’adoption d’orientations stratégiques pour la période 2021-2030 visant :

  • à renforcer la résilience et la compétitivité à l’issue de deux ans de pandémie de COVID-19 ;
  • à la participation de la filière à la transition écologique ;
  • à garantir l’acceptation sociale et l’information des consommateurs ;
  • et enfin, à accroître les connaissances et l’innovation

Les précédentes orientations stratégiques portaient sur la simplification des procédures d’installation, la coordination de la planification de l’espace maritime, le renforcement de la compétitivité de la filière et la promotion des conditions de concurrence équitables.

La France produit en moyenne 200 000 tonnes de coquillages et a généré un chiffre d'affaires d'environ 806 millions d'euros en 2021. Composante majeure de l'économie littorale, le secteur emploie environ 20 000 personnes (19 300 en conchyliculture en 2017) dont 9 500 (en 2017) travaillent à temps plein dans les exploitations. Les 52 000 concessions réparties sur le domaine public maritime (DPM) représentent 15 289 hectares de parcs et 1 577 km de lignes de bouchots. Les parcelles sur domaine privé occupent 1 896 hectares.

Certaines exploitations intègrent la totalité de la filière, du captage des larves jusqu’à la vente de produits consommables, tandis que d’autres se sont spécialisées dans tout ou partie du processus comme l’écloserie, le captage dans le milieu naturel, l’élevage, l’affinage ou la commercialisation. On compte ainsi environ 3 751 entreprises ayant une activité de production et de commercialisation.

Comme pour la pêche, la filière des cultures marines est structurée afin de garantir l’écoulement des produits dans de bonnes conditions pour les producteurs. 

♦ Consultez le site du comité national de la conchyliculture

La conchyliculture

Le terme « cultures marines » désigne l'élevage de coquillages marins (ou conchyliculture), de poissons de mer (pisciculture ou aquaculture marine), d'algues (algoculture) ou de crustacés.

La conchyliculture est particulièrement développée en France métropolitaine en raison de la configuration des côtes et du type de marées. Les conchyliculteurs exercent leur activité en mer, sur des sites constamment immergés ou découvrant à chaque marée (l’estran) mais aussi à terre dans des bassins naturels (marais, claires). Les huîtres et les moules représentent 85% de la production française de coquillages.

L'ostréiculture

L'huître est perçue comme un produit d'exception et véhicule une image festive. A la manière du vin, on peut parler de « crus » d'huîtres selon le site d'élevage ou d'affinage. Les Français en sont les premiers consommateurs à l'état frais (2 kgs/an et par habitant). Plusieurs sortes d’huîtres sont élevées en France et certaines zones du littoral sont tournées vers l’élevage de naissain (moins d’un an) qui sera ensuite élevé ailleurs sur le littoral. On élève principalement l’huître plate (ostrea edulis) et l’huître creuse (crassostrea gigas). Différentes méthodes sont utilisées : dans des poches à plat sur des tables ou sur filières, sur l’estran ou en eaux profondes. Dernière étape facultative de production de l'huître, l'affinage est pratiqué dans des zones moins salées et plus riches en plancton (comme les « claires » qui sont des bassins peu profonds). Ce procédé améliore la qualité de la chair et le goût de l'huître.

La mytiliculture

Avec une consommation dépassant largement la production nationale, les Français sont aussi de grands amateurs de moules (mytilus edulis). Il existe trois principales méthodes de culture : sur bouchots (alignement de pieux), sur filières suspendues en pleine mer et à plat à même le sol ou sur tables. Selon la méthode, les moules mettent de 12 à 18 mois pour arriver à maturité.

La culture des autres coquillages

La cérastoculture est la culture des coques (cerastoderma edule).  Le semi peut se faire en pleine ou à basse mer. L'élevage dure de 18 mois à 2 ans. Un passage en bassin est ensuite nécessaire pour dessabler les coques.

La vénériculture est l’élevage des palourdes (ruditapes decussatus). Le semi se fait uniquement à basse mer. L’élevage dure environ 18 mois. L'élevage en écloseries permet également de fournir des naissains « calibrés » ou des palourdes pré-grossies, ce qui diminue le temps de croissance dans les parcs. Durant la période d'élevage, les palourdes doivent être protégées des prédateurs et notamment des crabes. Pour cela, les exploitations utilisent deux techniques : l'enclos ou un filet horizontal déroulé sur la partie ensemencée.

Depuis quelques années, les entreprises développent l'halioculture, qui est l'élevage des ormeaux (haliotis tuberculata).

Dans le but de préserver les ressources marines, d'autres aquaculteurs marins se tournent vers l'élevage de poissons, de crustacés ou d'algues , comme la truite de mer, le bar, la daurade ou le turbot par exemple.

L’occupation du domaine public maritime

Les installations en mer sont souvent développées sur le domaine public maritime (DPM), le plus souvent naturel. Cela signifie que pour la partie de son exploitation située sur le DPM, le propriétaire de l’exploitation n’est pas propriétaire de la zone de pleine mer ou de l’estran qu’il utilise mais dispose seulement du droit de l’exploiter économiquement.

L’attribution de concessions d’utilisation du DPM n’est pas un droit, ce qui signifie qu’elle doit faire l’objet d’une demande et que les concessions ne sont ni cessibles ni transmissibles, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas être vendues ou transmises. En cours d’exploitation, les parcelles sont également soumises à des règles de gestion spécifiques. Elles peuvent être modifiées, supprimées ou retirées.

Pour pouvoir s’installer et exploiter une concession de cultures marines,  des conditions sont requises. Dans certains cas, une formation est nécessaire. Elle est délivrée dans le cadre d’une filière spécifique aux cultures marines qui allie acquisition de compétences proches de celles requises pour l’agriculture et acquisition de compétences strictement maritimes, par exemple pour la conduite des chalands ostréicoles sur l’estran. Cette formation est différente de celle qui permet de travailler à bord d’un navire armé aux cultures marines.

Avec l’essor des politiques publiques en matière d’environnement et d’aménagement du territoire, les cultures marines s’insèrent dans un maillage de plus en plus réglementé, dans lequel les questions environnementales et sanitaires sont essentielles.

Le travail dans une exploitation

Un travail soumis à la nature

Tout au long de l’année, que ce soit pour l’élevage des espèces ou pour leur commercialisation, le travail est physique, lent et minutieux. En effet, entre les travaux de captage et la vente des coquillages, il peut s'écouler une période de 18 mois à quatre ans. Ils requièrent de nombreuses manipulations sur l’estran et à terre. 

Essentiellement exercées en plein air, les activités connaissent un rythme et des horaires très variables selon la saison, les marées, les cycles biologiques des espèces élevées et les demandes des consommateurs qui conduisent à des pics d’activités en prévision des fêtes de fin d’année par exemple.

Les cultures marines sont dépendantes de la qualité de l'eau de mer et souffrent des pollutions. Les conchyliculteurs doivent donc faire preuve de vigilance et mettre tout en oeuvre pour préserver ces ressources naturelles.

Des métiers variés, entre mer et agriculture

Sur une exploitation, il existe différents niveaux de responsabilité : de l'employé(e) qui exerce comme technicien(ne) de la production jusqu’au chef d’exploitation qui est responsable de la conduite et de la gestion de l’ensemble des activités de l’entreprise.

Le point commun à toutes les activités de cultures marines est d’être à la jonction d’activités agricoles et maritimes. Souvent, ce sont des activités qui nécessitent la conduite de moyens nautiques à fond plat pour accéder aux zones d’élevage en mer lorsque la marée le permet. Les navigations sont donc limitées. Sur l’estran, un tracteur peut être utilisé à marée basse. Cela explique que les travailleurs peuvent relever de règlementations différentes en matière de droit du travail ou de protection sociale. Mais dans tous les cas, dès lors que des moyens nautiques sont utilisés, une formation maritime spécifiques aux cultures marines est requise.