Plaisance professionnelle, plaisance de loisir
La plaisance professionnelle se distingue de la plaisance de loisir. Comme pour les secteurs de la pêche ou du transport et des services maritimes, elle est gérée professionnellement en ce qui concerne les navires et les équipages. La plaisance professionnelle se pratique sur des navires à voile ou à moteur.
La plaisance de loisir est pratiquée avec des navires à usage personnel, qui peuvent être des bateaux à moteur ou des voiliers. Les titres de conduite des bateaux de plaisance à moteur (permis mer ou hauturier) ne donnent pas le droit de naviguer à titre professionnel comme marin d'équipage, skipper ou capitaine employés par un propriétaire de navire ou une société.
Toute personne désirant exercer une fonction de marin rémunéré à bord d'un navire armé à la plaisance professionnelle doit posséder les qualifications exigées par la réglementation selon les fonctions principales et spécifiques exercées à bord et selon que le navire est à voile ou à moteur, conformément à la convention STCW.
Les navires de plaisance professionnelle sont immatriculés sous pavillon français sous différents registres, notamment le registre international français (RIF). Les équipages sont constitués de « gens de mer marins » et de « gens de mer non marins » dont les activités professionnelles sont encadrées par des règles en matière d’accès et de maintien dans la profession ou en matière de droit du travail.
Les navires de plaisance professionnelle pratiquent soit le cabotage national ou international, soit le long cours ou la navigation côtière, qui correspondent à des armements administratifs et des durées de voyage avec ou sans franchissement de frontières.
Au-delà des navires français, le secteur de la grande plaisance est fortement internationalisé. Il est particulièrement développé dans le sud de la France et dans une moindre mesure aux Antilles. Les eaux et les côtes clémentes de la Méditerranée accueillent chaque année 50 % de la flotte mondiale de yachts. Les navires sont le plus souvent immatriculés sous pavillon étranger. Les compétences des skippers français sont recherchées.
Il existe différentes modalités d’exploitation des navires :
- les propriétaires de yacht qui emploient un équipage professionnel à titre personnel pour naviguer en famille ou recevoir amis et relations d'affaires ;
- les propriétaires de yacht qui louent leur navire à un intermédiaire pour le rentabiliser : un « broker » louera son yacht à la semaine à des particuliers mais aussi à des entreprises pour des croisières à thème ou des séminaires d'affaires. Ces navires sont loués avec leur équipage professionnel.
La clientèle est internationale et particulièrement peu sensible aux cycles économiques : le marché de la grande plaisance bénéficie d’une croissance soutenue depuis plus de vingt-cinq ans. L'emploi de navigants français est en progression régulière dans un marché du travail à dominante anglo-saxonne. En effet, en Europe, 80% des capitaines de yachts sont anglais.
L’équipage d’un yacht
A bord d'un yacht, l’équipage varie selon différents critères : taille du navire, type de propulsion (voile ou moteur), nature de la clientèle (privée ou affaire), choix du client (croisière à thème ou non). On trouve le plus souvent sous les ordres du capitaine :
- un équipage de marins professionnels comprenant en général un chef mécanicien et un ou plusieurs marins, chargés de la conduite, de l’exploitation et de l’entretien du navire ;
- une équipe hôtelière composée d'un cuisinier et de une à trois hôtesse(s).
Le capitaine est responsable de l'équipage, de la sécurité et de la navigation. Il assure les relations entre son client et le bord d’une part, entre le bord et la terre d'autre part. Il est l’interlocuteur des autorités maritimes, des avitailleurs, des brokers, des personnes en charge de la maintenance et des réparations du navire.
A bord, les marins doivent satisfaire en toute situation une clientèle souvent exigeante et gérer les aspects humains, financiers, touristiques et pratiques du voyage.
Des qualités de gestionnaire et de communication sont donc indispensables pour planifier les traversées et les escales, animer la croisière et dynamiser l’équipage. Une connaissance approfondie de la sécurité et de la sûreté est indispensable.
Comme dans le secteur du transport maritime, la maîtrise de la langue anglaise est indispensable, tant pour les échanges à bord avec la clientèle que pour les radiocommunications avec les autres navires ou avec la terre.
Commander dans le monde entier des yachts, à voile ou à moteur, transporter des passagers, pratiquer le charter, le convoyage ou le louage pour le compte d'une société ou d'un propriétaire privé sont des activités alliant art de la navigation, expertise technique incluant souvent maîtrise de la voile, et de fortes aptitudes sociales.
Le secteur de la plaisance professionnelle exige d'être disponible, d'avoir le sens des responsabilités et du management. Les marins doivent également avoir l'esprit d'équipe et s'adapter à des rythmes de travail soutenus.
Modalités d’emploi
Les modalités d’emploi peuvent varier d’un pavillon à l’autre mais le recours au recrutement et au placement des marins et gens de mer non marins est fréquent : les équipages ne sont pas employés et gérés directement par les propriétaires ou armateurs.
Le recrutement et le placement des gens de mer est une activité encadrée par la Convention du travail maritime, 2006, de l’Organisation internationale du travail (OIT) afin d’apporter des garanties aux gens de mer dans un secteur où la main d’œuvre est soumise à une forte concurrence. Les prescriptions de la convention son reprises dans le droit français. Comme à bord des navires de commerce, ces garanties portent par exemple sur le caractère écrit et le contenu minimal du contrat de travail, la rémunération et le droit au rapatriement. Des garanties sont également apportées en ce qui concerne les conditions de travail, par exemple en matière de durée du travail et du repos ou de santé et sécurité au travail et prévention des risques professionnels maritimes ou, encore, en ce qui concerne la protection sociale.
L’activité de recrutement et de placement peut également être exercée depuis le territoire français en direction de navires battant pavillon étranger. Elle est également encadrée dans ce cas par des dispositions spécifiques du code des transports et les textes pris pour son application.
Comme pour tout gens de mer exerçant une activité professionnelle à bord d’un navire quel que soit son secteur d’activité, les gens de mer au yachting doivent être titulaires d’un certificat médical d’aptitude physique à la navigation et de qualifications professionnelles maritimes dans les conditions prévues par la convention STCW.
Les titres pour exercer des fonctions à bord, s’ils ont été délivrés par un Etat qui n’est pas celui du pavillon du navire, devront préalablement avoir été reconnus par l’Etat du pavillon, dans les conditions prévues par la convention STCW. On parle de « visas de reconnaissance ». La convention facilite ainsi la mobilité des équipages, dans un secteur où elle est particulièrement forte.
♦ Consultez la page « Services privés de recrutement et de placement des gens de mer » du ministère chargé de la mer
Des qualifications professionnelles recherchées
La France a mis en place une véritable filière de formation professionnelle au yachting. Ainsi, elle forme des marins pouvant exercer des fonctions aux niveaux de responsabilité direction, opérationnel et appui au pont et à la machine qui peuvent exercer leurs prérogatives à la plaisance professionnelle. Pour certains titres, des "passerelles" sont également possibles vers le commerce et la pêche.
Pour exercer comme capitaine ou second capitaine, les qualifications sont spécifiques à la plaisance professionnelle et une distinction est opérée entre la voile et le moteur : brevets de capitaine 200 voile, de capitaine 200 yacht, de chef de quart 500 yacht, de capitaine 500 yacht et de capitaine de yacht 3000, même si d’autres titres permettent d’exercer des prérogatives au pont au yachting. La formation est nautique mais intègre également une forte dimension humaine et économique. Les titres « machine » ne sont pas spécifiques au yachting.
Dans les conditions prévues par la convention STCW, ces brevets peuvent être reconnus pour exercer à bord de navires battant pavillon étranger. En France, dans certaines conditions, la navigation effectuée avec ces brevets peut être prise en compte pour la continuation de la carrière, afin de favoriser la mobilité des navigants.
Un secteur fortement intégré favorisant la reconversion à terre
Le secteur de la plaisance, qu’elle soit de loisirs ou professionnelle, est indissociable d’autres filières économiques. La filière nautique française (production, distribution et services) regroupe près de 5 000 entreprises, génère un chiffre d’affaires d'environ 5 milliards d’euros et compte plus de 45 000 44 000 emplois en 2006.
Sur nos côtes, on dénombre environ 400 ports et installations de plaisance pouvant accueillir des navires. Ces installations comptent environ 165 000 places recensées. A ce parc, il convient d’ajouter les mouillages individuels ou collectifs hors ports, le long du littoral, le plus souvent dans des estuaires abrités.
L’importance de la filière et les nombreux emplois qu’elle offre favorisent la reconversion à terre des navigants du secteur de la grande plaisance.