Pêcheurs sur un chalutier en action de pêche

Le travail à bord d’un navire

Le travail à bord d’un navire dépend de son armement, du service, de la capacité et des fonctions et tâches spécifiques exercées. Ces éléments déterminent les qualifications requises et les formations permettant de les obtenir.

Généralités

Les fonctions principales - ou « capacités » -  (capitaine, chef mécanicien, officier chargé du quart passerelle, matelot…) sont exercées avec des qualifications correspondant à des niveaux de responsabilités différents  (direction, opérationnel et appui) auxquels sont associées des fonctions (navigation, manutention et arrimage de la cargaison, mécanique navale, électrotechnique, électronique et systèmes de commande…). 

Les fonctions et tâches spécifiques sont complémentaires aux fonctions principales. Elles peuvent être exercées par chaque membre d’équipage (lutte contre l’incendie, opérations liées aux cargaisons d’hydrocarbure ou de produits chimiques, navigation en eaux polaires, sûreté…) 

Pour chaque fonction principale et chacune des fonctions et tâches spécifiques, des qualifications sont requises. Elles varient selon le service dans lequel le marin travaille et sa participation par exemple au rôle d'incendie ou d'abandon. Dans tous les cas, une condition d’aptitude physique à la navigation est requise.

Les services         

A bord d’un navire professionnel, on distingue généralement :

  • le service pont, qui inclut la passerelle ;
  • le service machine ;
  • la filière électrotechnique, plus récente et « rattachée » au service machine (ce n'est pas un service proprement dit) ;
  • le service polyvalent, qui  permet d’exercer  à la fois au pont et à la machine. 

Tous les navires professionnels ne sont pas dotés de ces services, cela dépend de leur secteur d’activité, de leur taille, de leur navigation. 

A bord des navires de transport de passagers, il existe également un service appelé « service général » qui regroupe les fonctions et tâches au service des passagers (service hôtelier par exemple).

Les radio-communications, qui permettent de communiquer en cas de besoin d’assistance ou de détresse, étaient un service spécifique aux côtés de la machine ou du pont. Avec l’évolution des métiers, les fonctions qui y correspondent sont devenues annexes aux fonctions principales. C’est la raison pour laquelle, même s’il peut s’agir de fonctions spécifiques, les titres qui permettent de les exercer sont restés des brevets au sens des conventions, même s’ils prennent le nom de « certificats » en français (certificat général d’opérateur - CGO -  par exemple).

Aux cultures marines, les chalands ostréicoles sont organisés différemment compte tenu des modalités d’exploitation. Comme les sorties sont de très courtes durées en fonction des marées et des saisons et compte tenu des caractéristiques des navires et chalands, il n’y a pas de « service » mais des fonctions de matelot-ouvrier et de patron.

Capacités, responsabilités et fonctions

Niveaux de responsabilités et capacités

Il existe différentes capacités au sein d’un même service. Elles sont classées en trois niveaux de responsabilités

  • Au niveau de responsabilités « direction », on trouve les capacités de capitaine et de second capitaine au pont et les capacités de chef mécanicien et de second mécanicien à la machine. Ce sont des officiers qui constituent l’état-major du navire ;
  • Au niveau de responsabilités « opérationnel », on trouve les capacités de chef de quart passerelle ou chef de quart machine et la capacité d’officier électrotechnicien. Ce sont des officiers chargés de l’encadrement intermédiaire de l’équipage ;
  • Au niveau de responsabilités « appui », on trouve les matelots au pont, les mécaniciens à la machine et les matelots électrotechniciens. Ils sont « appelés personnel d’exécution ».

Fonctions à bord

Chaque membre d’équipage, en fonction de sa capacité à bord, exerce :

  • des fonctions principales :

Par exemple, les fonctions peuvent être : « navigation », « manutention et arrimage de la cargaison », « contrôle de l’exploitation du navire et assistance aux personnes », « mécanique navale », « électronique, électrotechnique et systèmes de commande ». 

Les fonctions varient selon le niveau de responsabilités et le service. Même si parfois elles portent le même nom, elles correspondent à des niveaux de formation différents. Par exemple, la fonction « navigation » est exercée par un matelot pont et par un capitaine mais la formation suivie n'est pas identique. 

  • des fonctions et tâches spécifiques :

Il existe environ 40 types de fonctions et tâches spécifiques à bord d'un navire, par exemple : la lutte contre l’incendie, la participation aux opérations de chargement ou déchargement de certaines cargaisons dangereuses comme les produits pétroliers, les produits chimiques ou le gaz, l’encadrement des passagers dans différentes situations, la navigation en eaux polaire.

Ces fonctions et tâches spécifiques varient selon les fonctions et responsabilités principales mais ce n’est pas toujours le cas. Pour travailler à bord d’un navire, une formation de base à la sécurité est le minimum requis.


Les titres pour fonctions principales et leurs prérogatives

Les titres pour exercer des fonctions principales aux différents niveaux de responsabilités (direction, opérationnel ou appui) se classent en différentes catégories selon le service au sein duquel ils permettent d’exercer. 

Les titres

Le mot « titre » est généralement utilisé pour désigner toutes les qualifications à bord d’un navire. Mais les titres se différencient des attestations qui ne permettent pas d’exercer des fonctions principales. Les titres sont :

  • soit des brevets d’aptitude pour les fonctions d’officier ;
  • soit des certificat d’aptitude pour les fonctions d’appui.

Les titres "pont" sont requis pour le service au pont. On parle de « titres monovalents pont ». Ils sont différents pour travailler à bord de navires armés au commerce, à la plaisance professionnelle, à la pêche ou aux cultures marines car les navigations et activités sont très différentes. Des « passerelles » entre les différents types de navires sont cependant possibles dans certaines conditions. 

Les titres "machine" sont requis pour le service à la machine. On parle de « titres monovalents machine ». Ils permettent d’exercer à bord de tout navire sans distinguer entre navires armés au commerce, à la plaisance professionnelle, à la pêche ou aux cultures marines.

Les titres "électroniques et électrotechniques" sont requis pour les fonctions d’officier ou de matelot électrotechnicien. L’électronique / électrotechnique est une filière spécifique rattachée au service machine. Le plus souvent, compte tenu de leurs caractéristiques, ces titres sont requis à bord de navires armés au commerce.

Les titres "polyvalents" permettent d’exercer à la fois au pont et à la machine aux niveaux direction et opérationnel. Il n’existe pas de titres polyvalents au niveau appui.

Les prérogatives

Les prérogatives associées à un titre résultent d’une combinaison :

  • de fonctions comme la "manutention et l’arrimage de la cargaison", "l’entretien et la réparation", la "navigation", la "mécanique navale" par exemple ;
  • et du niveau de responsabilités auquel ces fonctions sont rattachées (direction, opérationnel et appui).

Elles permettent de définir la capacité dans laquelle le titulaire du titre peut exercer : capitaine et second capitaine / chef mécanicien et second mécanicien / matelot et mécanicien.

Parfois, le titre comporte des restrictions qui résultent de la situation personnelle du détenteur du titre. Les restrictions sont prévues par les textes et sont mentionnées sur le titre.

Le décret n°2015-723 du 24 juin 2015 indique dans ses tableaux "prérogatives / titres" en annexe II, quels brevets d’aptitude (officiers) et certificats d’aptitude (personnel d’exécution) sont requis par exemple pour être capitaine, matelot au commerce ou officier électrotechnicien selon les caractéristiques du navire (armement à la pêche ou au commerce par exemple, puissance, longueur, jauge, navigation...).

Les titres et attestations pour fonctions et tâches spécifiques

Les fonctions et tâches spécifiques (lutte contre l’incendie, responsabilité des soins à bord, encadrement des passagers…) sont exercées avec des qualifications spécifiques qui peuvent être :

  • soit des certificats d’aptitude (ce sont des titres comme les certificats d’aptitude pour exercer des fonctions principales au niveau appui mais ils permettent d’exercer uniquement des fonctions et tâches spécifiques complémentaires aux fonctions principales) ;
  • soit des attestations de formation (qui ne sont pas des titres).

Le nombre de qualifications spécifiques à détenir varie selon le secteur d’activité du navire, sa cargaison, sa navigation, la fonction principale exercée à bord et la participation par exemple au rôle d’incendie ou d’abandon du navire.

L’arrêté du 11 août 2015 relatif à la délivrance des certificats et attestations de formation professionnelle maritime indique dans ses tableaux en annexe quelles qualifications spécifiques doivent être détenues en fonction de la capacité à bord et selon l'armement du navire. Les attestations spécifiquement requises à bord de navires à passagers sont prévues par l’arrêté du 6 mai 2014 relatif à la délivrance des attestations de formation pour le personnel servant à bord des navires à passagers.

L'éloignement de la terre et de la sécurité qu'elle apporte, notamment en terme de secours, le travail dans un milieu naturel hostile, le navire à la fois un lieu de travail et de vie nécessitent que les marins, quelle que soient leurs fonctions principales à bord, détiennent une qualification minimale en matière de sécurité (techniques individuelles de survie, lutte de base contre l'incendie, relations sociales, hygiène, prévention des risques...) qui inclut une formation médicale pour pouvoir dispenser les premiers secours.

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